17 octobre : des manifestants divisés, Jean Charles Moïse indexe les américains, deux morts à Port-au-Prince
Written by admin on October 18, 2019
Publié le 2019-10-17 | Le Nouvelliste À Port-au-Prince, l’opposition maintient la pression pour obtenir le départ du président de la République. Quelques milliers de manifestants ont gagné les rues de la capitale ce jeudi, à l’occasion de la commémoration de la mort de Jean-Jacques Dessalines. Les protestataires n’ont toutefois pas pu s’entendre sur le parcours à adopter. En effet, certains ont voulu se rendre à Pétion-Ville comme c’est devenu une habitude depuis plusieurs semaines, d’autres ont voulu se rendre au MUPANAH où se trouvait le chef de l’Etat en début de matinée, alors qu’un 3e groupe avec à leur tête Jean Charles Moïse a souhaité se rendre devant les locaux de l’ambassade américaine à Tabarre.
Après quelques minutes de confusion, Jean Charles Moïse et sa bande ont pris la direction de Tabarre alors que les autres manifestants, plus nombreux et majoritairement issus de Cité Soleil ont pris la direction du Musée du panthéon national. Les deux groupes de manifestants ont scandé des slogans hostiles au président de la République Jovenel Moïse et ont exigé sa démission.
Arrivé devant les locaux de l’ambassade américaine, Jean Charles Moïse a expliqué son choix par l’influence de l’oncle Sam dans la politique haïtienne. « A titre d’exemple, la représentante du secrétaire général de l’ONU est une américaine », a dit l’ex-sénateur. « Nous venons prouver au monde entier que nous les fils de Dessalines nous avons la conviction et le courage de demander aux américains de lâcher Jovenel Moïse.
C’est un message que j’envoie au monde entier. Ils sont responsables de tout ce qui se passe en Haïti. Ce sont eux qui tiennent le pays en otage avec Jovenel Moïse », estime l’ancien candidat à la présidence qui gardait jusque-là un profil bas durant les dernières manifestations.
Un autre militant de Pitit Desalin a estimé que « c’est l’ambassade américaine qui renouvelle le système en plaçant ses pions a la tête du pays lors des renouvellements du personnel politique. » « Le Core Goup, par exemple, a joué un rôle important dans l’accession de Jovenel Moïse à la présidence. Ce serait donc absurde de ne pas nous rendre devant l’ambassade américaine quand nous posons la problématique du système », a-t-il avancé. Le syndicaliste et professeur Josué Mérilien demande aux américains « d’arrêter de supporter la corruption, le vol, les massacres, etc. » « Nous venons revendiquer le droit du peuple haïtien à l’autodétermination. Les étrangers doivent arrêter leurs diktats », a-t-il dit.
L’autre branche de la manifestation a terminé sa course dans les parages du Champ de Mars. Schulz Simpsie Cazir, coordonateur provisoire du Mouvement de la troisième voie (MTV), a souligné que la population a exprimé sa position sur le destin de Jovenel Moïse. « Pour le peuple haïtien, Jovenel Moïse n’a plus de légitimité. Le peuple ne s’identifie plus à ce président. Sa prise de parole a été un pied de nez à la commission qu’il a créée pour tenter d’aboutir à une solution à la crise. C’est un discours de diversion qui ne passe pas », analyse-t-il.
Des incidents ont émaillé cette journée de mobilisation. Des manifestants encagoulés ont semé la pagaille, pillé et rançonné des passants au niveau de Lalue. Au moins deux personnes sont mortes par balle à l’avenue Christophe et à la rue Rivière. Le journal a également constaté deux blessés par balle dans ces deux rues. Les blessés ont été transportés à l’hôpital par des ambulances de la Croix-Rouge.