Arrêter les « monopoles » et « dialoguer » pour éviter le pire au pays, exhorte Jovenel Moïse à l’Arcahaie

Written by on May 21, 2019


Publié le 2019-05-20 | Le Nouvelliste : Le président de la République n’est pas insensible à la misère ni à la pauvreté qui gagne du terrain de jour en jour en Haïti. Du moins c’est ce que Jovenel Moïse a laissé entendre le samedi 18 mai dernier à l’occasion de la célébration des 216 ans de notre drapeau à l’Arcahaie. Pour éviter le pire, parce que la situation peut encore se dégrader, le chef de l’État a appelé les élites à stopper les monopoles et la classe politique à dialoguer pour éviter le pire au pays.

Le public est loin d’être acquis à sa cause. Il l’accuse d’avoir fait trop de promesses non tenues. À l’Arcahaie, le 18 mai dernier, Jovenel Moïse n’était pas en terrain conquis. Il était chahuté par des personnes qui se réclament de Tèt kale, son propre parti. Cependant, dans son traditionnel discours en présence des membres de la communauté internationale, des parlementaires et d’autres officiels, Jovenel Moïse a fait passer son message. « Le moment est arrivé de rompre avec la fatalité de la misère », a-t-il déclaré pour les 216 ans de la célébration de notre Bicolore.

« Haïti ne peut pas être la propriété d’une seule personne,  d’un petit groupe ni d’un parti politique », a lancé le chef de l’État. « Haïti veut tourner la page des monopoles asphyxiants et déstabilisants », a-t-il réitéré. Selon le président de la République, il y a des décisions qu’on doit prendre aujourd’hui pour éviter le pire au pays. Il a cité à titre d’exemple : « moun k ap souse peyi a  nan monopòl. »

Jovenel Moïse croit aussi que tous les secteurs du pays doivent se parler, doivent dialoguer pour éviter le pire au pays. « Si nou pa chita pale, pita ka pi tris », a-t-il prévu, soulignant qu’il n’y a des choses que le peuple ne pourra plus accepter. Selon lui, il n’est pas normal qu’un petit groupe de gens détienne « le monopole économique, le monopole du savoir, le monopole politique et social… »

Dans un langage codé, le chef de l’État a fait savoir, nous citons : « Comme président, il y a des vérités que je ne peux pas vous révéler… Je sais que la situation difficile dans laquelle vous vivez ne vous permet pas de voir  les vrais problèmes et d’identifier les vrais ennemis… »

Comme un simple citoyen, plus de deux ans après son élection, le président de la République continue de dénoncer l’évasion fiscale et la contrebande. Il a appelé le Parlement à voter des lois pour criminaliser ces actes. « Partout ailleurs, c’est une obligation de payer les taxes et les impôts, mais en Haïti ‘’ se moun ki vle ki peye taks’’ », a-t-il critiqué.

Selon le chef de l’État, sans le dialogue entre tous les acteurs, il n’y a pas de stabilité ni de progrès dans le pays. Il n’y aura jamais de solution pour résoudre le problème de chômage, la vie chère, les problèmes structurels et conjoncturels sans une entente, sans un dialogue, a-t-il précisé.

« Le dialogue n’est pas un choix ! C’est une obligation ! », a martelé le locataire du Palais national le 18 mai à l’Arcahaie. Jovenel Moïse croit savoir qu’un petit groupe de personnes s’oppose à la réalisation du dialogue.

« Mes compatriotes de l’opposition politique, le moment est arrivé de prendre une autre direction avec le pays. C’est pourquoi je profite une fois de plus de l’occasion de la fête du Drapeau et de l’Université pour demander à tous les secteurs de la vie nationale de dialoguer. C’est ce qui nous amènera sur la route du changement et du développement réel », a exhorté Jovenel Moïse.

« Je suis habité par la ferme conviction qu’une nation forgée par l’idéal dessalinien ne saurait prendre rendez-vous avec la médiocrité, le renoncement, la corruption, l’injustice et l’exclusion sociale. Haïti se doit de réussir le pari de la démocratie et du développement », a-t-il avancé.

Comme pour répondre aux critiques laissant croire qu’il favorise ses proches et des proches de son parti politique Tèt kale, Jovenel Moïse a fait savoir que son parti c’est la population. « Je suis un accident de ce système, je suis là où je suis aujourd’hui, président de la République, c’est le vœu de vous peuple haïtien, mais ce n’est pas le vœu de certaines personnes et de certains groupes dans ce pays », a-t-il dit.

 Jovenel Moïse a dit savoir comment le peuple est affecté par la situation économique du pays pour le moins difficile. « C’est pourquoi, le prochain gouvernement va travailler pour mettre le pays sur la voie du changement », a-t-il promis. Des promesses qui, visiblement, ne convainquent pas le public.

Il a dit aussi savoir que plus de 3 millions de personnes dans le pays vivent actuellement dans l’extrême pauvreté. « Je comprends que l’insécurité et la misère constituent les deux plus grands problèmes, les deux armes redoutables pour le pays…Si nous voulons un pays meilleur dans les années à venir, c’est aujourd’hui que nous devons commencer les grandes transformations », a discouru le chef de l’Etat.

Jovenel Moïse a appelé les parlementaires à voter l’accord de prêt de 150 millions de dollars de Taïwan à Haïti qui permettra, a-t-il souligné, d’investir 130 millions de dollars dans le réseau électrique qui sortira de Péligre pour transporter de l’électricité à Léogane et 20 millions de dollars dans 51 autres communes toujours dans le domaine du courant électrique.

Il a aussi appelé le Parlement à voter l’énoncé de politique générale du Premier ministre pour doter le pays d’un gouvernement et d’un budget afin de respecter les exigences des bailleurs de fonds.

« J’avais pris l’engagement et je travaille pour résoudre un ensemble de problèmes qui font obstacles au progrès et à la croissance dans le pays », a-t-il affirmé en évoquant l’accès au courant électrique pour la population. Des déclarations qui ont valu à Jovenel Moïse des huées de la plupart des assistants.


Robenson Geffrard / Le Nouveliste
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