Désormais dans l’opposition, le sénateur Joseph Lambert prépare une proposition de sortie de crise

Written by on August 25, 2019

Publié le 2019-08-21 | Le Nouvelliste : L’ancien président du Sénat Joseph Lambert et son parti Konbit Sidès sont passés à l’opposition. La cause ? le président de la République, Jovenel Moïse, a refusé, avec inélégance, une proposition de sortie de crise que le sénateur du Sud-Est lui aurait présentée après la démission de l’ancien Premier ministre Jean-Henry Céant. Après cette mésaventure, Joseph Lambert s’est demandé pourquoi continuer à supporter un chef d’État orgueilleux et méfiant envers même ses plus fidèles alliés.

Le sénateur Joseph Lambert confirme qu’il est dans l’opposition au président Jovenel Moïse, mais qu’il n’exige pas encore sa démission. « Je demande au président Jovenel Moïse de changer de stratégie », a précisé Joseph Lambert qui estime que le pays n’est pas dirigé. Joseph Lambert affirme qu’il est passé à l’opposition pour ne pas se faire complice d’un président de la République têtu et orgueilleux, qui refuse de comprendre qu’il ne dirige pas dans l’intérêt collectif. « Je ne quitte pas le navire parce qu’il va couler, mais parce que le capitaine est têtu et veut nous conduire à l’abîme », a-t-il répondu à ceux qui le traitent d’opportuniste.

Comme tout combattant, Joseph Lambert admet que sa carrière politique a connu des hauts et des bas, mais il dit demeurer toujours cohérent. « J’étais resté fidèle au feu président René Préval, se félicite le fils du Sud-Est. Je l’étais aussi à l’ancien président Michel Joseph Martelly pendant tout son mandat. Nous gardons encore de bons rapports. Quant au président Jovenel Moïse, j’étais loyal envers lui jusqu’à notre rupture il y a quelques jours. » Cela arrive parce que le président n’a pas confiance en moi après plus de deux ans de collaboration, a poursuivi le parlementaire, qui se présente comme quelqu’un qui a un parcours politique rectiligne, empreint de franchise et de loyauté avec des objectifs clairs et précis : servir son pays, servir la République.

Pourquoi le sénateur Joseph Lambert a-t-il décidé de se séparer de Jovenel Moïse pour rejoindre l’opposition ? « Cela n’est pas lié à la décision du chef de l’État de ne pas me nommer au poste de Premier ministre. C’est plus que ça », a confié l’ancien président du Sénat comme pour répondre à ceux qui partagent cette information sur les réseaux sociaux. Cependant, il y a effectivement une question de Premier ministre à la base du divorce entre les deux hommes.

Au lendemain du renvoi ou de la démission de Jean-Henry Céant comme chef de gouvernement, Joseph Lambert décide de mettre tout son poids dans la balance pour aider le chef de l’État à trouver une issue à la crise politique qui paralyse le pays. « J’ai rencontré des têtes de file de l’opposition, a fait savoir Lambert sans citer de noms. Nous nous sommes mis d’accord sur la mise en place d’un gouvernement de transition sans la participation de l’opposition; un gouvernement dont le mandat ne dépasserait pas quatre mois serait chargé de trouver un accord politique pour sortir le pays de la crise. »

L’homme qui a trouvé un consensus au Parlement pour diriger le gouvernement de transition était le sénateur Joseph Lambert. « J’étais prêt à faire le sacrifice de perdre trois ans de mon mandat de sénateur pour aider à sauver le pays », a témoigné Lambert, qui dit ne pas comprendre pourquoi le président Jovenel Moïse a refusé cette proposition de sortie de crise. « C’est un gouvernement de consensus avec la participation de l’opposition qui allait se charger de mettre en application l’accord politique », a-t-il poursuivi. Le sénateur a par ailleurs déclaré que cet accord ne prévoyait pas la démission du président Jovenel Moïse.

La proposition de sortie de crise était sur la table. Sur les réseaux sociaux, on ne parlait que de la nomination de Joseph Lambert au poste de Premier ministre. À la surprise générale, on s’est réveillé un matin avec la nouvelle de la nomination de Fritz William Michel, un inconnu de la scène politique. « Le Premier ministre a été nommé sans aucun accord politique », a rappelé Joseph Lambert, qui juge inélégante cette décision.

Joseph Lambert est clair que le Premier ministre nommé n’aura pas son vote, mais il promet de ne pas non plus le combattre. « C’est au Premier ministre de constituer sa majorité sans moi », a souligné celui qui se nomme animal politique. En se donnant ce surnom, Joseph Lambert se voit comme une personnalité qui se donne une certaine raison quand elle agit.

Aujourd’hui, le sénateur du Sud-Est fait une lecture cinglante de la façon de diriger de son ancien allié. « J’ai l’impression que le président Jovenel Moïse pense que seul l’appui de l’international peut le maintenir au pouvoir, se désole Lambert. Voilà pourquoi il veut transformer ses alliés en porteurs de valise. »

Face à ce constat, Joseph Lambert décide de passer à l’opposition. À ceux qui doutent de sa sincérité, l’homme politique se donne le devoir de les convaincre à travers une proposition de sortie de crise qu’il fera de concert avec d’autres personnalités dans les prochains jours. « Le président Jovenel Moïse aura intérêt à l’accepter, a-t-il averti. Sinon, il y aura un risque élevé de son départ désordonné du pouvoir. »

Joseph Lambert, qui croit dur comme fer que la crise politique ne peut être résolue qu’à travers un accord politique, dit regretter que Jovenel Moïse n’ait pas su saisir l’opportunité qu’il lui avait offerte pour la résoudre.

Jean Pharès Jérôme / Auteur


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